Invité du salon RENT  (Real Estate et New Tech), François-Xavier Jeuland, Président et fondateur de la Fédération Française de Domotique  et ambassadeur de la Smart Building Alliance a dressé le portrait de la domotique actuelle, l’ensemble des techniques liées aux Smart Home.

“En 2021, presque 100% des logements neufs en France seront connectés”

Depuis quelques années, la résidence connectée est devenue un argument de vente des promoteurs, permettant de se différencier. Elle n’avait jusqu’alors jamais été un marché de masse, réservée à des clients à la recherche de très haut de gamme. “En 2021, presque 100% des logements neufs en France seront connectés“. De fait, un logement ne l’étant pas serait de plus en plus difficile à louer ou à vendre.

Un logement qui ne serait pas connecté deviendrait « déceptif » et renverrait l’image d’un promoteur qui n’est pas à l’écoute de son marché. Une grande partie des grands constructeurs, comme Bouygues Immobilier ou NextCity construisent déjà tous leurs bâtiments avec. D’autres comme Vinci, le feront à très court terme.

Les raisons du développement

Plusieurs facteurs tendent à indiquer que la Smart Home va être l’un des nouveaux grands marchés immobiliers de demain :

  • -D’abord, on peut constater une volonté politique que le numérique s’intègre dans tous les équipements, incluant bien sûr le logement pour des raisons de confort, de développement mais également d’économie d’énergie, dans un contexte où le climat devient un sujet de plus en plus important. En 2020, devrait advenir une nouvelle réglementation , facilitant le développement du secteur.
  • -Le secteur a également progressé, les compétences Smart s’étoffent, davantage de formations sont proposés, de nombreux jeunes talents sortent des écoles et leurs compétences sont de plus en plus utilisées et recherchées.
  • -Un autre argument important est la baisse des prix notamment grâce aux investissements des GAFA, à hauteur de dizaines de milliards, qui ont fait bouger les lignes et permis de proposer des prix compétitifs même pour des budget moyens.
  • -Enfin, la domotique devient désirable, les consommateurs de plus en plus conscients de ces technologies et accoutumés à vivre avec elles en permanence souhaitent le logement le plus neuf et moderne possible, qui leur permette de se décharger de certaines tâches complexes.

On assiste donc à un accroissement du marché, 2 milliards € de chiffre d’affaires en 2018.

La Smart Home, le contrôle simplifié de sa maison

Sollicitant le public, le conférencier a démontré que chaque personne dans l’assistance détenait au moins un smartphone, si ce n’est d’autres autres objets connectés sur elle (tablette, montre etc.). Dans nos maisons, ce chiffre explose. Il y a 10 ans, le français moyen avait 2 ou 3 objets connectés chez lui.  5 ans plus tard, ce chiffre avait été multiplié par 5. On estime que d’ici 3 ans, le nombre d’objets connectés présents chez soi pourrait exploser à plusieurs centaines, tout deviendra connecté (services ménagers, sécurité, éclairage, chauffage, télécommunication etc.).

Si chaque objet possède une application permettant de le faire fonctionner, cela deviendra invivable. C’est là qu’intervient la Smart Home, qui « garantit la convergence des équipements » grâce à un  contrôle global avec une tablette et la voix.

La nécessaire adaptation des acteurs de l’immobilier

Comme dans tous les marchés, il y a une offre et une demande et c’est leur réunion qui permet son développement. L’offre est présente, les solutions sont nombreuses, de plus en plus diversifiées en termes de services mais également standardisés (fin des problèmes de compatibilité entre différentes Smart Home), design, moins chères et fiables à 100% (ce que l’on reprochait à la domotique).

Côté demande, la maison connectée devient désirable.

Mais pour François-Xavier Jeuland, le marché n’en ait pas pour autant totalement mûr car il peut être difficile d’accorder ces deux parties, les demandes des familles étant quasiment aussi nombreuses que les familles. L’approche marketing du logement connectée est encore plus complexe et on ne peut pas former des milliers de professionnels en quelques mois. Il revient donc aux agents immobiliers de faire le lien.

Tous les agents immobiliers connaissent la règle des 3L (localisation, localisation, localisation), elle restera fondamentale mais le fondateur de la FFD lui ajoute la règle des 3S (services, services, services). Comme le smartphone, il y a une offre de base, des fonctionnalités et services inclus dans tous les logements. Mais l’atout de la Smart Home est qu’elle peut augmenter ses fonctionnalités grâce à l’ajout de nouvelles applications. En achetant un logement, une grande part de la réflexion sera lié aux services qu’il nous procure; “la moitié de nos services futurs ne sont même pas encore inventés”. En revanche, il faut se tenir prêt à les proposer.

Avec ces innovations, viennent des défauts qu’il faudra anticiper et régler. Paradoxalement, plus un utilisateur possède d’objets, connectés, moins il est satisfait, il faut veiller à ne pas complexifier la vie des gens et à trouver le bon compromis.

La confiance, l’enjeu clé du succès du marché

L’un des obstacles majeurs, est le manque de confiance des gens envers ces maisons connectées. Il faut donc rassurer les gens autour de 4 niveaux identifiés par François-Xavier Jeuland :

  • -Les data : débat central actuellement, les acteurs immobiliers n’ont malheureusement que peu de pouvoir là-dessus, mais des législations comme le RGPD ou des autorités telles que la CNIL peuvent contribuer à rassurer les gens.
  • -Les objets connectés, les logiciels, les solutions : la responsabilité des promoteurs est de choisir des produits certifiés (Privacy by Design du RGPD par exemple).
  • Les bâtiments : 50% des bâtiments neufs aujourd’hui sont construits avec la certification R2S (Ready2services).
  • -Les prestataires, opérateurs : avec le boom des panneaux solaires il y a quelques années, beaucoup d’électriciens, chauffagistes etc. avaient affirmé qu’ils maîtrisaient les technologies pour entrer dans le marché. Le marché avait fini par s’effondrer. Dans le cas des Smart Home, il est important de faire appel à des prestataires certifiés.

 

Retrouvez nos articles couvrant la RENT 2019 sur notre page dédiée : Salon RENT

 

Nos références